mardi 7 juillet 2009

I'm a blogging being




Au commencement était Facebook.


Il y en a qui résistent encore. En ce qui me concerne, le phénomène est trop important (dans le sens de sa taille et de ses conséquences anthropologico-sociales) pour passer à côté. Pas une journée ne se passe sans que j’attrape au vol d’une conversation ce terme à la frontière du profane et du sacré (tout dépend du point de vue) : Facebook. Plus qu’une plateforme d’expression «bloggesque», Il est devenu un/une mode d’expression, le symbole de la nouvelle génération internet. Contrairement aux adolescents d’aujourd’hui, je suis née dans une époque où internet n’était pas encore le centre du monde. Mon centre du monde à moi, c’était la télé. Quand je rentrais de l’école, je regardais la télé, aujourd’hui je regarde mon Facebook. Il génère un mouvement à la fois centripète et centrifuge, ce Facebook. On l’accuse de voyeurisme, ou du moins de pousser ses utilisateurs à l’être, voyeurs. Attention, révolution corpernicienne: il pousse avant tout à l’exhibitionnisme. Facebook, un nouveau coach personnel? Une nouvelle surface aqueuse où noyer Narcisse?

Cela dit, j’y ai adhéré, je l’utilise bien au delà du raisonnable, je m’y exhibe en mettant à jour mon statut, je voyeurise en regardant ce que fait «le mec que je kiffe» ou «la meuf avec qui y’a eu embrouille». J’ai commencé par apprivoiser la bête, goûter l’eau du bain avant de jeter le bébé. C’est là qu’on se rend compte que l’autodérision sauvera peut être l’humanité, ou peut être que je serai la seule à être sauvée? Non, Facebook me l’a prouvé, je ne suis pas la seule à avoir un certain sens de l’humour, Dieu merci! Sinon, comment j’aurais sû?


De la logique du groupe ou de la redéfinition facebookienne de l’instinct grégaire.


Créer un groupe, c’est créer une pensée ouverte. D’ailleurs, cette dernière phrase pourrait devenir le nom d’un groupe, d’ailleurs, je vais immédiatement créer un groupe avec cet intitulé. Le principe du groupe, c’est une phrase percutante, une sentence, une idée facilement identifiable par tout un chacun (exemple: «j’ai deux bras»), susceptible à la fois de créer un sentiment rassurant, autodérisiogène, fédérateur. Le caractère comique du phénomène réside dans le fait qu’il s’agisse, en fait, d’une caricature de la politique façon adolescent où tout est matière à militer ou fédérer. On créé une communauté autour de ce sentiment ou pensée et des liens avec d’autres communautés affiliées de proche ou de loin. La pluralité des propositions est vertigineuse. Je suis moi même tombé dans la marmite. Quand on commence à rejoindre des groupes, on ne s’arrête que lorsque facebook refreine nos ardeurs: 300 groupes maximum. Il existe des ruses pour en rejoindre plus: il suffit d’en créer ou de se faire inviter à en rejoindre.

Quoi qu’il en soit, il s’agit de sortes de forums d’expression virtuelle illimitée. Le militantisme y est présent mais sous une forme tout a fait superficielle. En effet, on rejoint des groupes comme on fait ses courses. On y consomme l’idée, ou la pensée sous sa forme light, sans calories donc sans risque d’une quelconque opulence intellectuelle. Chaque groupe est administré par une ou plusieurs personnes qui mettent en ligne des liens pour des sites internet, des vidéos, des photos, des remarques. Le créateur du groupe peut décider de qui administre. C’est à dire que l’on peut se retrouver administrateur d’un groupe sans le savoir, sans l’avoir demandé, du moins. On peut tout aussi démissionner de son statut de créateur et administrateur principal, laissant ainsi un groupe sans dieu ni maître, en friche.

Se créent ainsi, indéfiniment, des groupes qui pensent (ou pas) avec des gens (ou pas) sérieux (ou pas). Ce qui nous amène à repenser la culture ou plutôt le culte du superficiel, j’ai nommé la «cul-culture».



La cul-culture ou l’apologie de la pétasse.


La fille du nouveau millénaire doit être à la fois sexy, militante (corrolaire du sexy) mais pas féministe, un amalgame absolu de la femme, l’homme et l’enfant, indépendante mais accro au sexe, elle doit danser et chanter, être futile, porter une frange ou un carré plongeant (personnellement, j’ai choisi le camp des putes à carré plongerant) et, le plus important de tout, posséder un blog ET être sur facebook. Mais quel portrait stéréotypal je suis en train de dresser! Pardon vous pouvez me pendre pour ça. Surtout que c’est probablement de la mauvaise foi. Et coupons court à toute ambiguité: je suis une pétasse, parce que je vis dans un monde qui fait de moi une pétasse, je répond parfaitement au codes du clan. Etre une pétasse, peut être vécu comme la blondeur: une gigantesque blague. La différence de degré entre la pétasse et moi c’est que la pétasse est une fille (ou plutôt une fiiiiiille ;)) qui se vit, voit, respire comme une fille. Moi je me vis comme de sexe féminin mais surtout comme membre de l’humanité, au même titre qu’un homme. Pour moi, le féminisme est obsolète en France, il ne fait qu’alimenter les fantômes de combats déjà gagnés...en France, entendons nous bien.

Le lien entre la pétasse et la cul-culture: la superficialité. C’est l’apologie du self-média, l’amalgame de toutes les sources d’information et de modes. Du coup, plus les sources se multiplient, plus leur consultation se fait de manière superficielle. Si je veux tout faire, je dois survoler. Quand j’étais en hypokhâgne, on me disait que je n’étais pas assez pluridisciplinaire. Erreur, mesdames, messieurs. Je suis pluridisciplinaire parce que je suis (dans le sens de suivre) la dynamique superficielle de ma propre société qui est proprement superficielle. Une société pétasseifère, donc. Je suis un processus déjà bien ancré dans nos nouveaux modes de consommation d’information: le «pomme c/pomme v» ou «ctrl c/ctrl v» (pour ne pas faire de racisme informatique), suivi du «pomme s» («ctrl s»). Le copier-coller pour les anciens. C’est ainsi qu’est né le projet «i’m a floating being».


I’m a floating being, je suis un être flottant


Cette assertion peut s’appliquer à tout et rien, son sens flotte d’ailleurs, comme son nom l’indique. En mettant en chanson les groupes de facebook, je mets à la fois en exergue la pluralité des phrases dans lesquelles je me reconnais, un peu à la manière d’Edouard Levé dans Autoportrait. Une sorte d’autoportrait, donc, mais aussi une interprétation contemporaine du pamphlet, puisqu’elles revêtent un caractère autodérisionnel du fait que je ne sache ni chanter ni faire de la musique (les compositions sont créées par des personnes qualifiées), et encore moins danser. Les noms de groupes sont classés par rimes. Il ne me reste plus qu’à appliquer la théorie du «pommecépommevé» pour créer les chansons.

Au fur et à mesure, les vidéos clips sont mis sur you tube. Je surveille fébrilement le nombre de vues. Facebook, ce n’est plus le quart d’heure de célébrité attendu, c’est le quart d’heure de célébrité à chaque nouveau post. Si je chie sur Facebook, tout le monde est au courant (ce n’est pas une image, il existe vraiment une appliquation «chier sur un mur»).

Je ne vais pas me lancer dans une analyse critique du résultat de ces périgrinations facebookiennes. Ni dans une thèse sur Facebook, même s’il a matière à analyse. Je voulais simplement mettre au clair quelques unes de mes intentions. Je n’ai ni la volonté de devenir une «nouvelle star» (quoique), ni le désir de critiquer facebook en soi, mais plutôt mettre en exergue certaines conséquences comportementales dont «Il» est l’instigateur. Au delà du star système et de la société consumériste, je place mon discours dans l’apologie du superficiel et de la mauvaise qualité, de l’obsolescence culturelle et physique, du manque d’implication physique dans la vie réelle aujourd’hui, la terrible escalade du virtuel, même pour les idéaux, je trouve ça à la fois tragique et fascinant. J’ai eu peur, maintenant je suis plutôt subjuguée et com-patisante (et non pas -descendante) avec moi même, les autres et ceux à venir. Take care. Bisous.



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